Petite balade de 7 km avec Jean Marie notre guide, dans la forêt de Clairmarais avec 12 participants.
Photo de Dominique |
Nous débutons à la Grotte de Claimarais. C'est une réplique de la Grotte de Lourdes. Elle se situe sur la route menant de Clairmarais à Cassel. Au détour d'un virage, sur la droite, un étrange rocher interpelle. Des cierges et des bougies éclairent la masse rocheuse.
Cette grotte est érigée près de l'ancienne institution St Bernard, tenue autrefois par les pères assomptionnistes. Un miracle se serait produit en 1934. Le révérend père supérieur était tombé gravement malade et aurait recouvrait la santé alors qu'il était condamné.
Chaque année, le 15 août, jour de l'assomption, des milliers de fidèles se rendent sur le site de la grotte de Clairmarais.
Photo de Dominique |
la grotte de Clairmarais |
La balade continue dans la forêt de Clairmarais, juste à proximité de la grotte. C'est un des plus grand massif de l'arrondissement de St Omer.
Photo de Dominique |
Photo de Dominique |
Photo de Dominique |
Petite pause avant la montée
Photo de Dominique |
A cette balade, des nouveaux membres sont venus nous rejoindre... (photos de Dominique)
Cette forêt s’étend sur les 1200 hectares de chênaie humide, à Arques et Clairmarais et est peuplée de multiples rapaces nocturnes. Le soir venu, on peut entendre le cri de la chouette et du hibou. Il est également agréable d’entendre le coucou vous souhaiter la bienvenue ! La proximité des marais de l'audomarois fait de cette forêt un lieu très prisé par les oiseaux ; mais seriez vous les identifier ?
http://www.litteratureaudio.org/mp3/Francois_Rene_de_Chateaubriand_-_La_Foret.mp3 |
Les photos :
https://photos.app.goo.gl/m8Zifi65Tdg2FSQb6
Clairmarais, ingénieuse des eaux et forêts
On ne connaît guère de commune plus mal découpée que Clairmarais. Il faut 12 km en voiture pour se rendre du centre au lieu-dit "le coin de l'abbaye", situé derrière l'usine Bonduelle de Renescure. En revanche, entre les deux parties principales de la commune, Clairmarais se réduit à une longue bande de 300 m de long entre Arques et Noordpeene.
Ajoutons à cela ques les 2 "symboles" touristiques de Clairmarais font en fait partie d'autres communes. D'une part, le marais de Romelaere est partagé entre St Omer et Nieurlet. D'autre part, la forêt de Rihout-Clairmarais est très majoritairement sur Arques. Clairmarais ne possède que l'entrée du premier etqu'un quart de la seconde (44 ha sur 1600).
De ce fait, la commune est divisée entre au moins 4 territoires distincts, 4 populations.
Le premier secteur, résidentiel, est composé de plusieurs hameaux sur la route d'Arques.
Le deuxième rural, s'étend jusqu'à Nieppe le long de rivières telles que Bagard, le Polard et le Scoubrouck. Là, certaines familles parlent encore flamand, preuve d'une spécificité renforcée par la coupure de la forêt.
Le troisième monde est celui des marais. Autour du lieu-dit la Canarderie, jusqu'à la rivière de Booneghem, une 20ène d'exploitations maraîchères commencent à se diversifier et à intégrer des techniques modernes.
Enfin, le quatrième secteur, celui de la route de St Omer, est parfois plus une continuation des faubourgs qu'un véritable centre. De ce fait, la survie de l'école est menacée chaque année. Plus généralement, les habitants de Clairmarais ont parfois l'impression d'être délaissés par le reste de la région. Les inondations régulières font penser à certains que la commune est considérée comme une "cuvette" où l'on déverse les trop-pleins de l'Aa et la Lys. "on subit, on essaie de se protéger avec des sacs, voire de faire des digues, mais la seule solution, c'est l'évacuation à la mer" estiment les élus de la commune.
En effet, nu ne conteste le fait que l'eau passera toujours dans la commune. Cet élément est même le seul avec la forêt, qui relie les différentes aprties de cette commune étrangement découpée qu'est Clairmarais. C'est aussi celui qui permet d'abriter tant d'anguilles, de brochets, de carpes et de sandres et ainsi d'attirer des millers de pêcheurs dans le domaine de la Concorde.
Mais il reste que l'eau vive reste difficile à maîtriser et que pour y arriver, il faudra que Clairmarais soit très ingénieuse...des eaux comme des forêts.
Clairmarais, terre vouée aux cieux
On ne peut pas parler de Clairmarais sans parler d'eau et de ciel.
L'eau tout d'abord, est celle qui recouvrait la commune au 1er millénaire. Clairmarais n'était certes pas ensevelie sous ce grand golfe marin que l'on dénommait Sinus Itius et qui remontait jusqu'à Watten mais elle n'était alors qu'un vaste marécage. Cette situation inspira aux moines, les 1er habitants, le nom de la commune sortie d'une devise : "Vivat clarus mariscus secus decursus aquarum" que vive Clairmarais au bord des eaux. Et si l'orthographe varia au fil des années en "Claro marisco" ou en "Claro maresch" le caractère aquatique de la commune ne fut jamais nié. D'ailleurs les 1er moines n'asséchèrent jamais le territoire de Clairmarais de fond en comble, au contraire de leur alter-ego de St Bertin, qui réalisèrent de nombreuses digues à St Omer.
Peut-être est-ce parce qu'ici on s'intéressa plus souvent aux cieux qu'à la terre ? En tout cas, Clairmarais ne fut longtemps habitée que par des moines. L'abbaye fut fondée par un personnage célèbre, Bernard TESCELIN de Châtillon, dit Bernard de CLAIRVAUX. Né en 1090 à Fontaine les Dijon (21) dans une famille noble, ce moine ordonné à Citeaux en 1112 fonda l'abbaye de Clairvaux en 1115 puis de nombreuses autres à travers la France. Il fut canonisé en 1174 puis élevé au rang de Père de l'Eglise. D'obédience cistercienne, l'abbaye de Clairmarais fut ainsi "fille de Clairvaux", elle même, "fille de Citeaux"
On pense certes qu'il existait un petit oratoire avant l'arrivée de St Bernard mais l'abbaye prit vraiment son ampleur avec l'arrivée du 1er moine Gonfroi. Celui-ci fit construire une 1ère abbaye qui était "à un jet de flèches" plus bas que celle qui allait perdurer. Mais le seul problème était que ce bâtiment était régulièrement inondé. Le second abbé Guillaume, dut donc construire une 2ème abbaye, grâce à la générosité du comte Thierry d'Alsace, qui lui avait donné des terrains plus haut, à l'emplacement des ruines actuelles. Il faut savoir que si le comte n'avait pas été aussi généreux, les moines seraient partis à Muncq Nieurlet.
Les comtes il est vrai, étaient riches. Ils possédaient le château de Rihoult, sur la commune d'Arques, mais dans la forêt dite de Clairmarais qui s'étendait alors jusqu'à Wizernes.
la chapelle le Long Chêne (VDN) |
Une légende raconte aussi que le château était le rendez-vous de faits étranges et qu'il était habité par un démon nommé Brudemer. Un moine de l'abbaye de Saint-Bertin voulut y remettre de l'ordre. Une nuit, il pénétra dans le château pour y jouer son âme aux échecs avec le diable. Avec l'aide de saint Benoît il gagna la partie et le diable s'en alla. Le moine devint propriétaire du château et transforma l'endroit diabolique en monastère dont il deviendra le supérieur. Jusqu'au XVIIIe siècle on pouvait encore voir quelques vestiges de l'ancien château aujourd'hui complètement disparu. (VDN 2012)
Sur le territoire de Clairmarais on ne trouvait donc que l'abbaye où les moines de choeur, comme Robert de BETHUNE ou Antoine de CANTELEU travaillaient notamment aux manuscrits. En 1794, le catalogue de l'abbaye comptait plus de 2000 livres et 270 manuscrits. Pas loin de 200 sont aujourd'hui gardés à la bibliothèque de St Omer.
Autour de l'édifice travaillaient les frères convers, ceux qui n'avaient pas prononcé de voeux. On en compta jusqu'à 200.
Parmi les travaux que les moines firent réaliser, se détache le puits dit de St Bernard qui fut creusé sous David, 3ème abbé entre 1171 et 1176. Il existe encore mais a été recouvert pour des raisons de sécurité.
Cependant, aucune autre activité ne put se développer dans la commune. A la révolution, avant que les biens des cisterciens furent vendus, toutes les fermes de Clairmarais leur appartenaient, mis à part celle de la Canarderie.
L'abbaye fut pour sa part vendue à la chandelle le 14 mas 1792, 2 mois après la vente des biens, le 25 janvier. Si le buffet d'orgues fut acquis par un curé constitutionnel d'Aire et replacé à la collégiale St Pierre de cette ville, l'église finit par tomber entre les mains d'un salpêtrier, qui fit démonter l'édifice pierre par pierre enfin d'en récupérer le salpêtre. Outre le buffet d'orgue, ne subsiste donc de l'abbaye qu'une croix renfemant des reliques de la vraie croix ramenées par Thierry d'ALSACE lors des croisades. Emportée par le dernier abbé lors des croisades, cette croix a été retrouvée dans un grenier de la rue Carnot à St Omer. Elle appartient aujourd'hui à la confrérie Notre Dame et est conservée au musée Sandelin.
Quant à l'église actuelle de Clairmarais, elle ne date que de 1874. Sans grande valeur, hormis un vitrail dédié à Notre Dame de Pontmain (Mayenne 53), elle est le symbole d'une autre décennie où le ciel a beaucoup oeuvré pour Clairmarais et vice-versa. En effet, datent de cette même époque l'alumnat à Jésus Naissant (1876-1877) qui est doté d'une jolie église à l'abandon en face de la grotte et l'institution Ste Marie (1180) qui fut successivement une école privée, un orphelinat et une colonie, dont on aperçoit encore les bâtiments sur la route de St Omer.
Pour le reste trop occupée par le ciel, Clairmarais n'a jamais connu d'industrie... mis à part quelques moulins. Comme quoi, ici on revient toujours à l'eau.
Les ruines de l'église abbatiale de Clairmarais (Wikipédia) |
Tout un patrimoine caché dans la forêt
Même si la forêt de Clairmarais n'est que pour très peu dans le territoire de la commune, celle-ci a toujours vécu avec elle et y a intégré quelques monuments.
Ainsi, entre les deux morceaux de forêt de la route du Nieppe, une statue de Ste Marie remercie le ciel qu'il n'y ait pas eu de victime pendant la seconde guerre mondiale, alors même que Clairmarais abritait des munitions et un hangar de réparations de V1. Bien plus loin, à la limite de Renescure, la chapelle le Long Chêne est encore sujet à dévotions.
Indépendant du 7 juin 2002
la chapelle le Long Chêne |
la chapelle le Long Chêne |
On y pratique un rite particulier, qui consiste à nouer à la grille ou à l’intérieur de la chapelle un linge appartenant à la personne malade afin de lier, ou nouer le mal. Plus le linge est serré, plus le mal est censé s’en aller rapidement.
Ferme de l'abbaye (wikipédia) |
Un blason qui représente la faune et la forêt
Clairmarais ayant longtemps été une abbaye avant d'être une commune en 1790, c'est tout naturellement que le blason des abbés est devenu celui du village.
En héraldique, science au langage si particulier, on dit qu'il est "d'or à deux crosses de gueules passées en sautoir, accompagnées en chef d'une patte de loup de sable posée en pal et en pointe d'une couleuvre du même tortillée en pal, une fasce d'azur brochant le tout"
Les crosses, symboles écclésiastiques, étaient évidemment celles de St Bernard, patron de l'abbaye. Quant à la tête de loup et la queue d'une couleuvre, elles devaient certainement évoquer la faune de la forêt de Clairmarais au Moyen-Age.
Il est à noter qu'une superbe sculpture en bois représentant ce blason est aujourd'hui conservée en mairie.
Cette balade a déjà été faite en septembre 2019
http://wardrecquesrando.blogspot.com/search/label/Clairmarais
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