Parcours : 10 km
Les participants :
Cette randonnée a déjà été faite le 27 octobre 2016 (voir les explications du parcours)
http://wardrecquesrando.blogspot.fr/2016/10/tournehem-la-chapelle-st-louis-le-27_29.html
aussi vous n'aurez qu'un résumé de cette balade.
Ce circuit nous a amené sur le versant nord de la vallée de la Hem.
Au sommet, à 112 m d'altitude, c'est l'extrémité des collines de l'Artois où nous découvrons la chapelle de Saint Louis de Guémy, une chapelle gothique, au beau milieu d'une pelouse calcaire, édifié au XVème siècle par Antoine de Bourgogne. Elle fut partiellement détruite pendant les guerres franco-espagnoles du XVIème siècle.
Le panorama est remarquable et la vue sur la vallée de la Hem et son versant sud vaut le détour. Le mont domine la vallée de la Hem au sud et la la plaine maritime flamande au nord.
http://www.labelimage.fr/wp-content/uploads/2015/10/ChapelleSTLouis.html
On prétend que de la chapelle Saint Louis on peut gagner par souterrains, Ardres, Tournehem, voire Calais et Saint Omer. A dire vrai, les souterrains existent et conduisent de banales carrières d'extraction de craie, où les allemands voulaient installés un hôpital militaire qui n'a jamais été terminé mais dont les plans ont été relevés.
En descendant nous découvrons le centre du village de Guémy qui est presque entièrement construit en pierres.
Au loin nous apercevons l'ancien moulin à vent de la Ninette mais nous ne ferons pas le détour ; mais comme la curiosité a été la plus forte, vous pourrez vous faire une idée de ce curieux moulin en fin de blog.
Tournehem sur la Hem carrefour de l’Artois de mille et une
histoire, de mille et une légende.
Un carrefour stratégique qui a fait toute l’histoire de cette porte d’entrée de la vallée de la Hem.
Un carrefour stratégique qui a fait toute l’histoire de cette porte d’entrée de la vallée de la Hem.
De quoi attribuer à Tournehem sur la Hem un défilé de
militaires, de têtes couronnées ou de nobles : l’empereur Jules César,
Sainte Hélène, le roi Arthur, Saint Louis, la comtesse Mahaut d’Artois, Antoine
de Bourgogne dit « le grand bâtard », Charles Quint, la Pompadour.
Une place forte pour l’Angleterre
Tournehem soit le village de la Tour ou encore la villa de
Turnus… Hem pour la rivière bien sûr, mais qui portait jadis le nom de rivière
de Saint Louis.
Tournehem existait déjà lors de l’invasion de la Morinie par
les légions romaines, 57 ans avant Jésus Christ. César se serait emparé de son château fort,
pour y faire séjourner sa cavalerie. Dès cette époque, Tournehem devient un
carrefour et cinq voies convergent vers
elle : la première de Cassel, capitale de Ménapiens, la deuxième de
Thérouanne, capitale de la Morinie, la troisième d’Amiens, la quatrième de
Saint Valéry et du Crotoy, la cinquième de Boulogne. Sur les routes marchent
les troupes de César, pressées d’envahir l’Angleterre.
Sainte Hélène utilisera Tournehem de la même façon et dans
le même objectif : passer outre-manche.
A l’époque des rois mérovingiens et de Clovis, Tournehem
devient l’une des places fortes du comté de Boulogne – en lieu et place du
royaume de la Morinie – avec Boulogne, Amiens et Saint Pol. Début Xème siècle, le comté de Boulogne est
annexé avec Tournehem au comté de Flandre, avant de passer au comte de
Guînes : Tournehem est alors érigé en châtellerie avec Ardres, Audruicq et
Guînes.
Vers l’an 1170, Arnould d’Ardres redonne au château de
Tournehem ses lettres de noblesse en réparent l’enceinte et les tours, en
ouvrant d’immenses souterrains. La légende raconte que ses galeries
communiquent avec les châtelleries voisines.
La douce et généreuse Mahaut
Sceau de Mahaut d'Artois |
Les XIIème et XIIIème siècles transformèrent Tournehem en un
véritable échevinage. Les travaux de défense de cette cité n’empêchent pas pour
autant le comte Ferrand de prendre la ville et le château fort endommagé qui
fut réparé en 1237 par Robert d’Artois, frère de Saint Louis qui lui avait
offert Tournehem.
Fille du comte Robert II d’Artois, Mahaut d’Artois, marquera
le village de Tournehem et ses habitants. Celle qui figure dans la liste de successeurs de Robert d’Artois appréciait le village, sa forêt.
En 1323, Mahaut d’Artois dota la ville et les pauvres de
revenus considérables et laissa aux habitants le bois de la Carnois, où chaque
foyer pouvait prélever sa part de bois.
Encore aujourd’hui, les habitants bénéficient toujours de ce
« privilège », moyennant quelques sous.
Le XIVème siècle sonne l’arrivée des anglais, de tristes
heures pour les villageois : les moulins et les fermes sont pillés et
saccagés. Ce n’est qu’en 1377 que Philippe le Hardi chasse les anglais de
Tournehem.
Le grand bâtard, le bâtisseur
Antoine de Bourgogne (Wikipédia) |
Par le mariage de Philippe 1er de Bourgogne avec
Marguerite, comtesse de Flandre et d’Artois, l’Artois passe au XVème siècle aux
ducs de Bourgogne. En 1479, Tournehem et son château sont donnés à Antoine de
Bourgogne, « le Grand Bâtard », par son père Philippe le Bon,
héritier de Philippe 1er.
Avec le Grand Bâtard, Tournehem vit ses plus belles heures.
Les habitants de Tournehem lui doivent les armoiries (une tour d’or à 3
créneaux, sur champ d’azur, portant 4 ouvertures ou baies de gueule) avec la
devise « Nul ne si frotte », crédo de la maison de Bourgogne. Cette
phrase fut gravée dans la pierre du château, qui figure sur la façade du moulin
de Delzoide : un ancien meunier piocha cette pierre dans les ruines du
château pour en faire un linteau.
Le château devient le rendez-vous des princes
et des savants. Erasme, savant, écrivain et philosophe hollandais, y séjourna à
de nombreuses reprises.
Sur la façade du moulin Delzoide, figure un monolithe de gré provenant du château. On peut y lire "Nul ne s'y frotte" et découvrir les armoiries du village |
Le Grand Bâtard est aussi à l’origine de la construction de
la chapelle Saint Louis qui trône sur une colline à 122 mètres d’altitude.
Pourquoi Saint Louis ? La colline portait à l’époque le nom du monarque.
Mais il parait peu probable que Saint Louis y séjourna. Louis IX ne s’est
certainement jamais assis sur cette colline pour frapper 3 fois le sol comme le
raconte la légende : la première frappe n’aurait rien donné, la deuxième
aurait amené de l’eau rougeâtre, de la dernière aurait jailli de l’eau claire.
A l’époque de Saint Louis, il était simplement, « politiquement
correct » de consacrer un lieu du village au saint roi…
Tournehem doit également au Grand Bâtard, des travaux sur
l’église Saint Médard. Sa nef date du XIIème siècle et Antoine de Bourgogne la
transforma en un grande église collégiale.
Depuis six siècles , le « cœur » du Grand bâtard,
mort en 1505, est toujours demeuré fidèle à Tournehem : alors que son
corps repose à Château Thierry, l’organe fut placé dans le chœur de l’église
qui fut en partie détruite lors des invasions espagnoles. Où est ce cœur
aujourd’hui ? Il se pourrait que les paroissiens marchent désormais dessus
en empruntant le chemin qui court autour de la sacristie…
Au XVIème siècle, la Flandre et l’Artois passèrent à la
maison d’Autriche pour ensuite rejoindre le giron de Charles Quint, Charles V
qui prend possession de Tournehem après le traité paix conclu à Cambrai, le 5
août 1529 avec François 1er.
Charles quint (Wikipédia) |
Tournehem fut alors envahie à des multiples reprises dont
une fois par le duc de Vendôme en 1542 qui démeantela le château. Charles Quint
retrouva Tournehem en 1554 après le traité de Crépy et reconstruisit le
château.
Mais Tournehem devenu espagnole après le traité de Cateau
Cambrésis en 1559 n’en finit plus de subir les assauts ennemis. Comme en mai
1595 où le Maréchal d’Humières, lieutenant général de Henri IV, marche sur la
cité et son château, entièrement détruit. Il n’en reste plus qu’une porte
d’entrée avec les ruines d’une tourelle : un spectacle de désolation qui
fait désormais le cachet de la rue qui descend vers la mairie et la place de la
comtesse Mahaut d’Artois.
Ce n’est que sous louis XIV que Tournehem devient
définitivement française. Tournehem se rebâtit peu à peu, avec toujours son
bailli, son lieutenant, un procureur, un receveur, un greffier et d’autres
officiers ayant droit de haute, moyenne et basse justice. Sans oublier le
« seigneur fermier » qui gère le domaine
Tournehem chef-lieu de canton
Charles Lenormant d'Etiolles (Wikipédia) |
Sous louis XV, ce fermier seigneur fut un certain Charles le
Normand d’Etiolles, le mari de la Pompadour, maitresse déclarée du roi qui eut
un rôle culturel prépondérant.
La Pompadour résida de temps à temps à
Tournehem, au moins jusqu’en 1745, date à laquelle elle quitta son mari pour
devenir marquise de Pompadour. Au château de Versailles figure son portrait
avec cette dédicace : Dame le Normand d’Etiolles, marquise de Pompadour,
de Tournehem en Artois.
La Pompadour (Twitter) |
Le XVIIIème siècle voit aussi la construction de la chapelle
Notre Dame de la forêt financée «par tous les bons habitants autour de la forêt
de Tournehem et du Sr Delamer et de Douceur » ce dernier nom étant le
pseudonyme de Louis de Berlaere, écuyer qui entendait « n’être connu que
de Dieu » pour ce don.
En 1790 suite au découpage de la France en départements,
districts et canton, le baillage et l’échevinage de Tournehem disparurent. Le
village devint alors chef-lieu d’un canton de douze communes.
L’organisation administrative de la France se poursuivant,
Tournehem est l’une des 134 communes e la région à être rattaché à la
sous-préfecture de Saint Omer en 1800. Tournehem restait alors chef-lieu d’un
canton désormais vaste de 24 communes dont Ardres momentanément.
(L’indépendant du 20 juillet 2001 de Benoit CAILLIEZ avec
l’amicale collaboration de M. Bélé)
A découvrir :
L'église Saint Médard du village de Tournehem abrite depuis plus de deux siècles, depuis 1792 exactement, huit panneaux peints recto verso, datés entre 1470 et 1530.
L'église Saint Médard du village de Tournehem abrite depuis plus de deux siècles, depuis 1792 exactement, huit panneaux peints recto verso, datés entre 1470 et 1530.
Eglise Saint Médard à Tournehem |
Saint Médard |
Église Saint Médard, le chœur |
Église Saint Médard, orgue |
le linteau de la collégiale avec les armoiries d'Antoine Grand Bâtard de Bourgogne |
les photos :
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