jeudi 17 octobre 2019

Le long du Canal Neuffossé de Wardrecques à Blaringhem 15/10/2019




Vidéo :



Parcours : une boucle de 6 km du Pont d'Asquin à Blaringhem



Les participants : 17

Isabelle et Sophie
Didier
Denis
Zéki
Dominique et Dominique
Colette, Martine et Annie
Jean-Marie et Laurent
Marie Josephe
Mado
Bernadette
Claude
Christiane
Vous voulez vous évader, prendre le frais et bien venez faire un tour avec nous.
Aujourd'hui, Jean Marie va nous faire découvrir un parcours en boucle de 6 km le long du Canal Neuffossé en terrain relativement plat.

 Ce canal de navigation long de18 km, d'Aire-sur-la-Lys à Saint-Omer a été construit au 17e s. (1753-1774) à des fins de voie militaire et commerciale et revu par Vauban, pour assurer la liaison entre la Lys et l'Aa. Il a été porté au gabarit Freycinet en 1887, puis au gabarit européen en 1967, comme tronçon du Dunkerque-Escaut. Je vous en parlerai plus longuement et plus loin dans le blog.


Le canal fut établi à côté de la rigole primitive qui est encore visible et qui constitue la limite des départements du Nord et du Pas de Calais. On y rencontre quelques sources peu abondantes mais elle sert surtout à l'écoulement des eaux pluviales. Il y a cependant un petit ruisseau qui y amène les eaux : c'est le Languebecque qui vient d'Ebblinghem, passe à l'est de Renescure et joint le Neuffossé à Pont d'Asquin. C'est le début de notre balade.

Le Pont d'Asquin
 Nous laissons les voitures sur un petit parking près du pont d'Asquin et c'est parti. 
Chacun à son rythme et pas besoin de regarder l'heure....



Le Neuffossé a été établi sur l'emplacement de ce petit cours d'eau, le Languebecque qui se dirige vers le sud pour aller joindre la Melde à l'est de Wittes. C'est un petit ruisseau soumis à des crues importantes. Son limon d'inondation est très argileux comme celui de la Flandre. Il est rempli de cailloux, ce qui n'a rien d'étonnant puisque le Languebecque prend ses sources au pied des collines d'Ebblinghem et de Wallon Cappel qui sont surmontées par le diluvium des hauteurs. 
En approchant de la Melde, la vallée de la Languebecque s'étend en un large marais dont l'origine est encore inconnue. Peut-être a-t-il était dessiné par l'Aa à l'époque où elle venait joindre la Lys.


Le canal Neuffossé est considéré par les Agences de l'eau comme l'un des plus pollué de France en raison de l'industrie lourde qui s'est installée sur ses berges au 19ème et 20ème siècle et à cause des apports du Bassin minier. 
Il a subi les séquelles des deux guerres (apports d'eaux polluées à la suite des bombardements et incendies)

Deux problèmes importants sont la gestion des eaux de curage et la remise en suspension des polluants lors du passage des grosses péniches ou lors de crues majeures. Les pollutions industrielles ont significativement diminué soit grâce aux stations d'épuration soit à la suite de la fermeture des usines les plus polluantes mais les pollutions d'origine agricole ont augmenté.


Comme tous les grands canaux reliant entre eux des bassins versants différents et des ports, c'est un axe de pénétration d'espèces envahissantes, dont la moule zébrée, une espèce de corbicule et divers crustacés. C'était autrefois un axe de circulation pour l'anguille européenne, mais elle est depuis quelques décennies en forte régression.

Il abrite une riche diversité en poissons blancs.


Aprés 3 km nous arrivons au pont de Blaringhem. Celui-ci a dû être réparé en août 2018 car il s'était affaissé et menaçé de s'éffondrer. La circulation a été coupée pendant plusieurs mois. Heureusement pour nous, nous n'avons pas eu besoin de faire demi-tour.





Blaringhem est située en Flandre française, dans le Houtland pour la plus grande partie est de son territoire et en Artois au-delà du canal de Neufossée pour sa partie ouest, à 40 km de Dunkerque, 47 km de Lille, 50 km d'Arras, 50 km de Calais, à 30 km de la frontière belge et est limitrophe du département du Pas-de-Calais.


Profitant à mi-parcours de notre pause, j'en profite pour prendre une photo du groupe de marcheurs au pont de Blaringhem.

Une question simple: on dit : temps de pause ou temps de pose en photo ? Je ne sais jamais comment l'écrire sur le blog ! (pas vrai, ça c'est pour voir si vous suivez...)



 Et puis, si vous avez suivi nos balades (petit rappel) : Je vous ai parlé des 3 frères, des 4 frères  voir Clairmarais mais des 2 frères vous connaissez ?


Dominique et Jean-Marie
Allez c'est reparti, nous traversons le canal Neuffossé et regagnons l'autre rive, direction Wardrecques.




A la vue de ces rives couronnées de grands arbres, promeneurs et pêcheurs ne semblent pas se douter que ces bords charmants ont une curieuse histoire et furent souvent les témoins de sombres drames. 

http://sapeur-pompier.over-blog.org/article-les-heros-f-f-i-de-blaringhem-massacres-par-l-occupant-115198695.html








 En bordure du talus, bien à l'écart des marcheurs, quelle ne fut pas ma surprise que de découvrir de nombreux coprins chevelus en forme de cloche. Comestibles bien entendu.




Nous approchons du Pont d'Asquin. C'est drôle comme le temps passe vite quand on est en groupe.






Il ne nous reste plus qu'à traverser le pont d'Asquin pour rejoindre le parking où nous avons laissé les voitures.


Bien que la balade fût courte (6 km) nous en gardons un très bon souvenir. Pouvoir admirer ce qui nous entoure ou encore se déverrouiller ses articulations rien de tel pour vous donner un bon moral et vous regonfler à bloc











Et voilà, notre balade prend fin ici mais je veux vous rassurer que ça ne sera pas la dernière... A bientôt...


Historique du Canal Neuffossé :   (Bulletin de la Société de géographie de Dunkerque 1901)


La première création de ce canal ressemble à une merveilleuse légende.  En 1046, Baudouin V, comte de Flandre, guerroyait contre Henri III, empereur d’Allemagne, qui menaçait de ruiner la Flandre par des incursions continuelles. Il venait de s’emparait de Lille et se disposait à ravager le pays flamingant. La Lys s’arrêta ; mais entre la Lys et l’Aa se trouvait un passage sans ligne d’eau, sans défense naturelle, ouvert à l’ennemi.

Baudouin conçut l’étrange projet d’improviser et d’opposer à son véritable ennemi  une barrière de 14 km, hérissé de fortins et de redoutes.  Cette barrière n’était autre que le canal Neuffossé  avec sa digue.  Une armée entière y travailla, échelonnée en 24 chantiers et c’est ici le merveilleux de l’histoire, elle l’exécuta en 3 jours et 3 nuits. De fait, les soldats furent rigoureusement aidés par les  flamands, accourus en masse de toute la vallée de Cassel. Henri, se voyant empêché de passer, fut contraint de se retirer honteusement en pestant contre les flamands. 
Ce canal s’amorçait à la Lys sous les remparts d’Aire pour finir près d’Arques au château Rihoult qui en gardait l’extrémité. Trait d’union entre la Lys et l’Aa, il formait avec elle une ceinture d’eau et une ligne continue de défense, protégeant à merveille la Flandre maritime.

Limite entre deux races, éternel sujet de querelle entre la Flandre et l’Artois, il fut souvent le théâtre de luttes sanglantes.

Ce premier canal, purement stratégique, ne fut jamais navigable. Il y avait à cela un obstacle que ne pouvait surmonter une époque qui en était encore au premier rudiment de l’architecture hydraulique. Cet obstacle était dans la différence de niveau (14 m) entre les eaux de la Lys et celles de  l’Aa qu’il s’agissait de réunir.

Du reste, négligé depuis longtemps, ce premier canal était presque complètement comblé, quand Vauban vint faire le siège de St Omer (1677). L’importance de la ligne de Neuffossé le frappa ; il en signala le double avantage au point de vue stratégique et commercial ; c’est à lui le premier que vint l’idée d’un canal navigable.

Il écrit à Louvois du camp de St Omer : «  j’ai vu la plus grande partie de Neuffossé   ; ce ne sera pas difficile un jour de le rendre navigable et de faire aller par son moyen de grosse bélandres jusqu’à Lille »

En 1686, Louvois ordonne l’exécution des plans dressé par Vauban dans l’intérêt du commerce des Flandres. Mais la pénurie du trésor et les guerres qui suivirent suspendirent les travaux. Il fallut presqu’un siècle pour voir réaliser le rêve du Maréchal-Ingénieur. Le projet Vauban est repris, un nouveau plan est dressé par l’ingénieur Filley et mis en adjudication le 17 décembre 1753.
Le canal au début du XXe siècle, avant sa mise à grand gabarit. 
Le bateau avance à l'aide d'une voile, la "semaque"

Le canal lui-même était facile à creuser. Entre les monts Hiver et du Croquet à l’est et les collines de Racquinghem à l’ouest, il existe un sillon ou défilé suivi en partie par la Languebecque. On pouvait y trouver la trace des excavations et tranchées de l’ancien canal depuis longtemps comblé.

La grosse difficulté était de faire descendre le canal par les pentes extrêmement raides du plateau d’Artois vers l’ancien golfe géologique de St Omer. Il fallut exécuter un superbe travail hydraulique qui inspirait une profonde admiration à nos aïeux.  Ce sont les 7 écluses des Fontinettes. Disposées comme les gradins d’un escalier gigantesque, elles retiennent les eaux, sur la pente abrupte, en 5 sas accolés dont la chute totale est de 14 mètres.

En ce temps-là, on aimait à utiliser les loisirs du soldat pour les grands travaux publics. Le génie militaire, chargé de ces travaux, les fit exécuter par l’armée. 20 bataillons formant les garnisons d’Aire, de St Venant et de St Omer fournirent tous les 8 jours, 30 hommes par compagnie pour composer 300 ateliers répartis sur à peu près 2 km d’étendue. La dépense de 4 millions de livres fut supportée par la province de Flandre et les états d’Artois.

Ce nouveau canal commencé en 1754, ne fut terminé, après plusieurs interruptions qu’en 1774. Ce fut alors, pour la première fois seulement, que Calais et Dunkerque purent entrer en communication avec Lille par voie d’eau.

Mais ce qui était un magnifique progrès au 18ème siècle était devenu tout à fait insignifiant à la fin du 19è siècle.

Les écluses n’avaient de largeur suffisante que pour le passage d’un bateau à la fois. On fixait un jour pour la montée un autre pour la descente.

Le développement des ports de Calais, et surtout de Dunkerque, l’ouverture du canal de La Bassée, le progrès des houillères du Nord provoquèrent une circulation de batellerie fluviale toujours plus active. Et ces écluses sont la porte unique pour le passage des canaux de Calais, de l’Aa, de Bourbourg, de la Colme et de Dunkerque, vers la Deûle, Lille, Lens, Paris et le reste de la France.

Aussi, en files interminables, les bateaux attendaient parfois des semaines entières. Pour remédier à cet inconvénient  et accélérer la montée de cette rampe de 14 mètres on a construit et inauguré en 1887 un système d’ascenseur très curieux et bien rare, puisqu’il en existe que 2 autres en Europe : l’un en Angleterre et l’autre en Belgique, à la Louvière.

A voir sa disposition et son mouvement, on dirait une énorme balance de Roberval. Grâce à cette merveilleuse machine, l’ascenseur des Fontinettes à Arques a vu cesser l’encombrement de son bassin.
 










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