Les marcheurs :
Jean Paul |
Chantal |
Véronique |
Colette |
Christelle |
Zéki |
Monique |
Marie Josèphe et Claude |
Claudine notre guide |
Annick |
Le début de la balade se fait sur le parking d'Aldi à Blaringhem.
C'est un parcours de 12 km qui a été réalisé par Claudine.
Cette balade, nous fera découvrir Blaringhem et ses alentours. Le point le plus haut du trajet s'élève à 76 mètres.
En dernier plan, derrière la rangée d'arbres se trouve l’entreprise BAUDELET (traitement et élimination de déchets non dangereux et la valorisation des métaux)
Rien ne me parait plus nécessaire aujourd'hui que de découvrir ou redécouvrir nos paysages et nos villages en prenant le temps de la faire. Savoir retrouver les saisons, les aubes et les crépuscules, l'amitié des animaux et même des insectes, le regard d'un inconnu qui vous reconnait sur le seuil de son rêve. La marche seule permet cela. Cheminer, musarder, s'arrêter où l'on veut, écouter, attendre, observer. Alors, chaque jour est différent du précédent, comme l'est chaque visage, chaque chemin. (tiré du livre Chemin faisant de Jacques Lacarrière).
"Marcher c'est accepter de disparaître pour un temps" toujours du même auteur.
Voilà, l'histoire aurait pu se terminer là, une fois la balade fini, mais arrivés au point de départ et pour fêter mes "20 ans", j'avais réservé une petite surprise à mes amis marcheurs : le petit verre de l'amitié pour finir en beauté. (Un moment unique et inoubliable dans la simplicité et la bonne humeur entre amis et ça, ça n'a pas de prix).
Carte de Blaringhem |
Carte topographique pour Blaringhem et la région environnante |
Nous passerons à côté de l'église Saint Martin.
Intérieur de l'église |
L’église
Saint-Martin a cette particularité que son clocher est à l’origine une tour,
contre laquelle l’édifice religieux a ensuite été construit.
Carrée et massive,
la tour haute de 45 mètres a des murs épais de 1,5 mètre à la base. Elle se
termine par une flèche pyramidale minuscule. A son sommet on trouve la croix
traditionnelle surmontée du coq gaulois.
Avant la
révolution, le beffroi de la tour possédait trois cloches. On ne connait
l’origine que de deux d’entre elles.
L’une a été donné
en 1630, au moment de l’achèvement de la construction de la tour, pour le comte
de GRENET, seigneur de Blaringhem.
La cloche actuelle
a quant à elle été bénie en 1723 par le curé de l’époque, François GALLET.
Les logements
destinés aux trois cloches existent toujours et sont en bon état.
La cloche unique
existant encore de nos jours pèse 1820 kilos. Le battant à lui seul en pèse 72.
Le sommet de la
tour est couronné d’une balustrade en pierre de Marquise, sculptée, qui porte
la date de 1625 et entoure un chemin de ronde.
Cette tour a très bien pu être conçue comme un élément
éventuel de défense. Sa construction a commencé en 1518, au moment de la
destruction de l’église de Thiennes et peu après le premier siège de
Thérouanne. Notons encore que la commune se situe à la frontière entre la
Flandre et l’Artois.
Pendant la
deuxième guerre mondiale, les allemands ont utilisé la tour comme poste
d’observation et de défense antiaérienne. Elle a reçu, de l’aviation anglaise,
une des bombes qui ont endommagé les fonds baptismaux, les orgues, les lambris
et une partie des vitraux.
La tour elle-même
a été ébranlée. On a donc dû la consolider avec des puissants sommiers.
L’orgue a quant à
lui été réparé en 1944. L’église elle-même n’était au départ qu’une chapelle,
sur l’emplacement de laquelle se trouve aujourd’hui exactement l’édifice que
nous connaissons. L’allée centrale actuelle couvre entièrement ce quêtait
autrefois la chapelle.
D’importants
travaux d’agrandissements ont été menés entre 1518 et 1593, afin de construire
deux nefs latérales. Ils se sont achevés définitivement en 1611, année où a été
nommé le premier curé.
Aujourd’hui,
l’église St Martin, abrite encore de belles pièces historiques. Des lambris en
chêne vernis revêtent toujours les murs sur toute leur longueur jusqu’à hauteur
des vitraux.
L’ensemble des
vitraux ont été remplacé après l’attaque de 1944. Il ne reste que 6 anciens,
que l’on peut observer derrière le maître-autel.
L’indépendant du
20 septembre 2002
Nous quittons la Rue des Acacias et longeons par la rue de Neuffossé, la nouvelle Melde.
Nous continuons dans la rue de la Petite Haverkerque. Nous sommes pas très loin de l'entreprise BAUDELET qui totalise plus de 120 salariés. (pour en savoir plus)
Malgré la végétation la tour de l'église St Martin reste visible |
En dernier plan, derrière la rangée d'arbres se trouve l’entreprise BAUDELET (traitement et élimination de déchets non dangereux et la valorisation des métaux)
Tout proche de cette entreprise, des chevaux mènent une vie calme et paisible.
Colette |
Quel dommage de voir cette maison abandonnée.
"Marcher c'est accepter de disparaître pour un temps" toujours du même auteur.
Eh bien oui, la civilisation s'efface devant la nature, changeante avec les saisons et la lumière du jour. Les soucis sont mis en réserve, l'esprit vagabonde, les idées s'échangent comme les recettes de cuisine, les rires fusent à l'écoute des histoires drôles. L’exercice physique procure à notre santé mentale et physique des bienfaits insoupçonnés.
Annick et Monique |
Après une bonne heure de marche et une montée vers Moulin-Fontaine, altitude de 76 mètres, nous faisons une halte.
La montée est progressive et la température est idéale. |
Au sommet, la vue est imprenable. Dommage, le temps a changé et a réduit un peu la visibilité.
Jean Paul et Zéki |
Nous poursuivons la balade après une petite pause qui nous a un peu requinqué.
Quelques mètres plus loin, le chemin devient plus étroit et par endroit boueux.
Il est temps de regagner notre point de départ.
Qui veut une douche gratuite ? |
Pour ce qui est de la douche, oui, elle est arrivée sans prévenir mais heureusement pas pour longtemps.
Zéki, Claude et Jean Paul |
Au loin on aperçoit un arc en ciel |
Colette et Christelle |
Chantal et Marie Josèphe |
Véronique et Claudine |
Nous hâtons le pas, le ciel se fait menaçant |
Album photos
Blaringhem au fil des ans, de la révolution à nos jours.
Blaringhem au fil des ans, de la révolution à nos jours.
Pendant la
révolution, il y avait sur les terres de Blaringhem un monastère de religieuses
Cisterciennes-Bernardines, au lieu-dit « La Woestine »
Ce monastère a été
saccagé et entièrement détruit dès le début de la Révolution. Les religieuses
étaient établies là, depuis 1217. Elles s’adonnaient à des activités
apostoliques, dont l’éducation des jeunes filles.
La communauté a
été dispersée. Trois d’entre elles ont toutefois continué à vivre, dans la
clandestinité, selon les règles de leur ordre.
Quand la paix
religieuse est revenue en 1827, elles ont pu reconstituer officiellement une
communauté et fonder le premier monastère, d’Esquermes-Lez-Lille.
Il ne reste aujourd’hui
plus rien de l’emplacement du monastère de la Woestine.
Après la
Révolution, la commune de Blaringhem a subi, comme partout, l’époque de la
Terreur, de 1793 à 1795.
Même après la
convention de Thermidor, prescrivant le désarmement des « Terroristes »,
la municipalité du village est restée celle de la Terreur.
Des plaintes
multiples ont entraîné la constitution d’un nouveau conseil municipal, dans
lequel se trouvait un grand nombre de victimes de l’ancienne municipalité.
Une 30ène de
plaignants ont pu faire des récits dramatiques. Dans tous ces témoignages se
retrouvent deux remarques générales. D’abord, M. BEHIN, curé constitutionnel, a
tenu un rôle dans cette période de Terreur.
Ensuite, Alexis
LAGNIEZ, un des administrateurs du district, usurpant des povuaoirs, s’est
rendu coupable des arrestations, emprisonnements et contributions pécuniaires
imposées aux plaignants.
Les récits sont
éloquents. Les terroristes accablaient de coups leurs opposants. Les maisons
étaient elles aussi souvent attaquée, à la façon des brigands. La population
n’était pas non plus en sécurité sur les routes, où des attaques à coups de
serpe ou de fusil se sont produites.
Durant cette
période, l’église servait quant à elle de siège au tribunal. Des témoignages
indiquent que M. LAGNIEZ après « des discours violents du haut de la
chaire » prononçait « des sentences en toute illégalité »
et « avec un raffinement de cruauté ». L’homme semblait n’avoir
« aucune considération de justice ni d’humanité ».
Les 14 auteurs des
violences commises à Blaringhem à
l’encontre de la population ont été finalement jugés terroristes et désarmés.
Après 1801, la
paix revient au village, avec l’ouverture du marché intérieur, les progrès
techniques, les transports routiers et le réseau ferré, la technique
nouvelle de labours et d’entretien , les
engrais, la multiplication des comités agricoles et des sociétés d’agriculture.
L’exode rural
diminue, les salaires augmentent, la consommation alimentaire s’améliore.
De 1851 à 1880, la
production agricole augmente de 80 % « Blaringehm vit alors au rytme des
saisons et des moissons ». C’est l’époque d’un regroupement de terres
départies à la commune. Ces grandes
exploitations se situent aujourd’hui encore aux mêmes endroits.
L’histoire de la
commune nous amène alors jusqu’à la première guerre mondiale. Blaringhem n’a
pas subi d’invasion en 1914. Le villa
e servait de zone de repos pour les troupes
combattant en Flandre et en Artois.
En 1918, arrivent
les premiers avions de bombardement. Quelques bombes tombent sur Blaringhem, ne
causant toutefois que peu de dégâts.
La commune a
connue beaucoup de deuils au front. 72 enfants du village sont morts au champ
d’honneur.
Durant la seconde
guerre mondiale, le pont de Blaringhem, qui enjambe le canal Neuffossé, fut un
des lieux de combats et de résistance, tant à l’invasion qu’à la libération.
Des combats on
notamment eu lieu entre Anglais et Allemands, pour retarder l’année des
divisions allemandes. Dans ce but, le 23 mai 1940, les Anglais ont fait sauter
le pont, après des échanges de feu d’artillerie et de tirs de mitrailleuses.
Ces combats ont
fait quelques victimes parmi les habitants et quelques dégâts matériels,
notamment dans les maisons situées près du pont.
L’ancien pont
tournant détruit n’a été remplacé qu’au
début de 1944. C’est alors que la résistance Blaringhemoise entre en jeu.
Après une attente
impatiente de l’arrivée des colonnes alliées, les hostilités contre les
Allemands débutent à Blaringhem le 3
septembre 1944. L’objectif est d’empêcher les Allemands de faire sauter le
pont.
Les choses ont mal
tourné, plusieurs résistants ont été abattus par les Allemands. D’autres ont
été faits prisonniers, avant d’être sauvés grâce à l’intervention du maire de l’époque
Marcel MORDACQ.
Finalement, les
Allemands quitteront Blaringhem à la hâte en faisant sauter le nouveau pont, ce
qui provoquera un violent duel d’artillerie de part et d’autre du canal.
Ces tragiques
journées ont fait six morts parmi la population.
Deux autres
victimes seront à déplorer durant les tirs de barrage destinés à freiner
l’avance des chars allemands.
Pour aider les
alliés, les habitants du quartier entreprennent la construction d’un pont
de fortune. Des Allemands dissimulés font encore un mort et 2 blessés parmi ces
volontaires.
Jusqu’en 1977,
Blaringhem n’a que peu évolué. C’est ensuite que la commune a beaucoup changé.
Son évolution
récente est due au remembrement et surtout à l’implantation d’une section e la
verrerie cristallerie d’Arques
, aujourd’hui Arc International. Blaringhem a profité d’une évolution
industrielle dont a résulté un nouveau souffle.
Depuis 1977, outre
donc le remembrement et la création d’une zone industrielle pour permettre
l’implantation de la VCA , la commune a acquis plus d’une vingtaine
d’hectares de terres destinés à l’urbanisation et au développement futur du
commerce.
Différents
aménagements de voirie et constructions de lotissements ont eu lieu, et
d’autres viendront encore dans les années futures, au sein de ce village rural
qui ne cesse plus de changer de visage.
L’indépendant du
20 septembre 2002
Contour de la distillerie |
La distillerie |
La place |
Le château |
La mairie et l'école des garçons |
Le voilà le joli mois de mai avec son muguet !
Un brin de muguet pour sceller notre amitié.
Un brin de muguet pour porter bonheur.
Un petit bouquet pour donner de la joie et apporter un peu de bonheur à tous mes ami(e)s
Bonne journée !
“ Histoire d’un brin de muguet ”
"Voici un poème écrit par un homme pour son épouse il y a plus de 50 ans.
Ils nous ont tous les deux quittés depuis"
"Voici un poème écrit par un homme pour son épouse il y a plus de 50 ans.
Ils nous ont tous les deux quittés depuis"
Depuis plus de quatre ans que je suis prisonnier.
Mes jours heureux, sont, quand je reçois du courrier.
Les lettres sont pourtant presque toujours les mêmes.
Je suis en bonne santé, te souhaitant de même.
Puis invariablement pour terminer, toujours.
Je conserve l’espoir de ton prochain retour.
Mais, dans un coin d’une lettre que j’ai reçue.
Un petit brin de muguet y était cousu.
Vraiment, c’est enfantin d’envoyer ce muguet.
Je pourrais en avoir, ici, tout un bouquet.
Qui ne serait pas fané comme celui-ci !
Dans les bois allemands, le muguet pousse aussi.
Et, comme pendant un moment, je restais là.
Soudain, le petit brin de muguet me parla.
- Excuse, me dit-il, si j’ai triste figure.
Pourtant, si tu savais, j’étais beau je t’assure.
Tu as l’air d’en douter, tu ne veux pas me croire ?
Je vais, pour te convaincre, conter mon histoire.
D’abord, j’ai vu le jour là-bas, très loin d’ici.
C’est sur le sol français qu’un matin j’ai fleuri.
A l’ombre des grands bois, au milieu d’autres fleurs.
J’ai vécu, sans savoir que c’était le bonheur.
Je buvais, le matin, la rosée bienfaisante.
Je puisais dans le sol, nourriture abondantes.
Je voyais, le ciel bleu, la lune ou les nuages.
Je voyais, le soleil à travers le feuillage.
C’est lui qui me chauffait de ses rayons ardents.
Ainsi, rapidement, j’ai pu devenir grand.
Comme il faisait bon, comme tout était beau.
Nous avions chaque jour, le concert des oiseaux.
Tu as dû, toi aussi, l’écouter, autrefois.
N’est-ce pas, qu’il faisait bon vivre dans ces bois ?
J’aurais dû ne jamais rien désirer de plus.
Pourtant je subissais l’attrait de l’inconnu.
Je pensais que peut-être, je serais cueilli.
Comme porte-bonheur, et j’en étais ravi.
Une dame, en passant, devina mon désir.
S’approchant doucement, elle vint me cueillir.
Me prenant dans sa main, avec d’autres muguets.
Nous formions à nous tous, un superbe bouquet.
Qu’auprès de son visage elle approchait souvent !
Humant notre parfum tout en nous contemplant.
Chez elle dans un vase à demi rempli d’eau.
Pour conserver longtemps ce muguet frais et beau.
Nous avons parfumé ce qui nous entourait.
Dans cet appartement coquet, je me plaisais.
Mais quand, le lendemain, parmi les plus jolis.
Qu’elle avait mis à part, c’est moi qui fût choisi.
J’étais heureux et fier d’être le préféré.
J’entrevoyais, pour moi, l’avenir tout doré.
Puis au coin de la lettre, où je suis maintenant.
La dame m’a placé, cousu, soigneusement.
Avec des gestes tendres, n’osant m’effleurer.
Tout comme si j’étais une chose sacrée.
Puis elle contempla ce travail achevé.
Vérifiant pour que rien ne soit détérioré.
Alors en se penchant, je m’en souviens toujours.
Elle me donna pour toi, un doux baiser d’amour.
En me murmurant, va, toi, qui porte-bonheur.
Va, donner ce baiser à l’élu de mon cœur.
Qui, dans les barbelés dont il est entouré.
Est privé de caresses depuis des années.
Ainsi dans la lettre pliée, je suis parti.
Mais, tu peux savoir tout ce que je souffris.
Depuis ce moment pour arriver jusqu’à toi.
Le tampon des postiers m’écrasa maintes fois.
Je fus aussi jeté, bousculé, rejeté.
Écrasé sous de lourdes piles de paquets.
Je suis resté des jours, peut-être des semaines.
Entassé dans des pièces sombres et malsaines.
Mon parfum s’échappait par toutes mes blessures.
Vingt fois, j’ai cru mourir, mais j’avais la vie dure.
J’ai cru aussi deux fois que j’étais arrivé.
La lettre, brusquement, se trouva dépliée.
Mais c’était fait par des personnes étrangères.
Qui ont lu, et relu, ta lettre toute entière.
Devant tant d’indiscrétion, j’étais indigné.
Pourtant je dois te dire que nul ne m’a touché.
Avec le doux baiser que j’ai reçu chez toi.
J’ai conservé un reste de parfum pour toi.
Mais, tu es impassible. Me suis-je trompé ?
N’est-ce donc pas à toi, que j’étais adressé ?
Pourtant, j’en suis certain, là-bas, sur le buffet.
J’ai vu, ta photo, près du bouquet de muguet.
Sur ce, le brin de muguet, cessa de parler.
Et moi, un peu confus, je m’en suis approché.
C’est vrai, que du parfum s’en exhalait encore.
Non pas, le doux parfum de fleur qui vient d’éclore.
Cependant cette odeur m’a quelque peu grisé.
Le papier de la lettre en était imprégné.
Et sur mes lèvres, j’ai senti, il m’a semblé.
Recevoir la caresse de ma bien aimée.
J’en étais tout ému, je ne puis l’expliquer.
Aussi c’est bête, voyez-vous, mais j’ai pleuré !
Pierre Julien
Mes jours heureux, sont, quand je reçois du courrier.
Les lettres sont pourtant presque toujours les mêmes.
Je suis en bonne santé, te souhaitant de même.
Puis invariablement pour terminer, toujours.
Je conserve l’espoir de ton prochain retour.
Mais, dans un coin d’une lettre que j’ai reçue.
Un petit brin de muguet y était cousu.
Vraiment, c’est enfantin d’envoyer ce muguet.
Je pourrais en avoir, ici, tout un bouquet.
Qui ne serait pas fané comme celui-ci !
Dans les bois allemands, le muguet pousse aussi.
Et, comme pendant un moment, je restais là.
Soudain, le petit brin de muguet me parla.
- Excuse, me dit-il, si j’ai triste figure.
Pourtant, si tu savais, j’étais beau je t’assure.
Tu as l’air d’en douter, tu ne veux pas me croire ?
Je vais, pour te convaincre, conter mon histoire.
D’abord, j’ai vu le jour là-bas, très loin d’ici.
C’est sur le sol français qu’un matin j’ai fleuri.
A l’ombre des grands bois, au milieu d’autres fleurs.
J’ai vécu, sans savoir que c’était le bonheur.
Je buvais, le matin, la rosée bienfaisante.
Je puisais dans le sol, nourriture abondantes.
Je voyais, le ciel bleu, la lune ou les nuages.
Je voyais, le soleil à travers le feuillage.
C’est lui qui me chauffait de ses rayons ardents.
Ainsi, rapidement, j’ai pu devenir grand.
Comme il faisait bon, comme tout était beau.
Nous avions chaque jour, le concert des oiseaux.
Tu as dû, toi aussi, l’écouter, autrefois.
N’est-ce pas, qu’il faisait bon vivre dans ces bois ?
J’aurais dû ne jamais rien désirer de plus.
Pourtant je subissais l’attrait de l’inconnu.
Je pensais que peut-être, je serais cueilli.
Comme porte-bonheur, et j’en étais ravi.
Une dame, en passant, devina mon désir.
S’approchant doucement, elle vint me cueillir.
Me prenant dans sa main, avec d’autres muguets.
Nous formions à nous tous, un superbe bouquet.
Qu’auprès de son visage elle approchait souvent !
Humant notre parfum tout en nous contemplant.
Chez elle dans un vase à demi rempli d’eau.
Pour conserver longtemps ce muguet frais et beau.
Nous avons parfumé ce qui nous entourait.
Dans cet appartement coquet, je me plaisais.
Mais quand, le lendemain, parmi les plus jolis.
Qu’elle avait mis à part, c’est moi qui fût choisi.
J’étais heureux et fier d’être le préféré.
J’entrevoyais, pour moi, l’avenir tout doré.
Puis au coin de la lettre, où je suis maintenant.
La dame m’a placé, cousu, soigneusement.
Avec des gestes tendres, n’osant m’effleurer.
Tout comme si j’étais une chose sacrée.
Puis elle contempla ce travail achevé.
Vérifiant pour que rien ne soit détérioré.
Alors en se penchant, je m’en souviens toujours.
Elle me donna pour toi, un doux baiser d’amour.
En me murmurant, va, toi, qui porte-bonheur.
Va, donner ce baiser à l’élu de mon cœur.
Qui, dans les barbelés dont il est entouré.
Est privé de caresses depuis des années.
Ainsi dans la lettre pliée, je suis parti.
Mais, tu peux savoir tout ce que je souffris.
Depuis ce moment pour arriver jusqu’à toi.
Le tampon des postiers m’écrasa maintes fois.
Je fus aussi jeté, bousculé, rejeté.
Écrasé sous de lourdes piles de paquets.
Je suis resté des jours, peut-être des semaines.
Entassé dans des pièces sombres et malsaines.
Mon parfum s’échappait par toutes mes blessures.
Vingt fois, j’ai cru mourir, mais j’avais la vie dure.
J’ai cru aussi deux fois que j’étais arrivé.
La lettre, brusquement, se trouva dépliée.
Mais c’était fait par des personnes étrangères.
Qui ont lu, et relu, ta lettre toute entière.
Devant tant d’indiscrétion, j’étais indigné.
Pourtant je dois te dire que nul ne m’a touché.
Avec le doux baiser que j’ai reçu chez toi.
J’ai conservé un reste de parfum pour toi.
Mais, tu es impassible. Me suis-je trompé ?
N’est-ce donc pas à toi, que j’étais adressé ?
Pourtant, j’en suis certain, là-bas, sur le buffet.
J’ai vu, ta photo, près du bouquet de muguet.
Sur ce, le brin de muguet, cessa de parler.
Et moi, un peu confus, je m’en suis approché.
C’est vrai, que du parfum s’en exhalait encore.
Non pas, le doux parfum de fleur qui vient d’éclore.
Cependant cette odeur m’a quelque peu grisé.
Le papier de la lettre en était imprégné.
Et sur mes lèvres, j’ai senti, il m’a semblé.
Recevoir la caresse de ma bien aimée.
J’en étais tout ému, je ne puis l’expliquer.
Aussi c’est bête, voyez-vous, mais j’ai pleuré !
Pierre Julien