Vidéo :
Parcours : une boucle de 6 km du Pont d'Asquin à Blaringhem
Les participants : 17
Isabelle et Sophie |
Didier |
Denis |
Zéki |
Dominique et Dominique |
Colette, Martine et Annie |
Jean-Marie et Laurent |
Marie Josephe |
Mado |
Bernadette |
Claude |
Christiane |
Aujourd'hui, Jean Marie va nous faire découvrir un parcours en boucle de 6 km le long du Canal Neuffossé en terrain relativement plat.
Ce canal de navigation long de18 km, d'Aire-sur-la-Lys à Saint-Omer a été construit au 17e s. (1753-1774) à des fins de voie militaire et commerciale et revu par Vauban, pour assurer la liaison entre la Lys et l'Aa. Il a été porté au gabarit Freycinet en 1887, puis au gabarit européen en 1967, comme tronçon du Dunkerque-Escaut. Je vous en parlerai plus longuement et plus loin dans le blog.
Le canal fut établi à côté de la rigole primitive qui est
encore visible et qui constitue la limite des départements du Nord et du Pas de
Calais. On y rencontre quelques sources peu abondantes mais elle sert surtout à
l'écoulement des eaux pluviales. Il y a cependant un petit ruisseau qui y amène
les eaux : c'est le Languebecque qui vient d'Ebblinghem, passe à l'est de
Renescure et joint le Neuffossé à Pont d'Asquin. C'est le début de notre balade.
Le Pont d'Asquin |
Chacun à son rythme et pas besoin de regarder l'heure....
Le Neuffossé a été établi sur l'emplacement de ce petit cours d'eau, le Languebecque qui se dirige vers le sud pour aller joindre la Melde à l'est de Wittes. C'est un petit ruisseau soumis à des crues importantes. Son limon d'inondation est très argileux comme celui de la Flandre. Il est rempli de cailloux, ce qui n'a rien d'étonnant puisque le Languebecque prend ses sources au pied des collines d'Ebblinghem et de Wallon Cappel qui sont surmontées par le diluvium des hauteurs.
En approchant de la Melde, la vallée de la Languebecque s'étend en un large marais dont l'origine est encore inconnue. Peut-être a-t-il était dessiné par l'Aa à l'époque où elle venait joindre la Lys.
Le canal Neuffossé est considéré par les Agences de l'eau comme l'un des plus pollué de France en raison de l'industrie lourde qui s'est installée sur ses berges au 19ème et 20ème siècle et à cause des apports du Bassin minier.
Il a subi les séquelles des deux guerres (apports d'eaux polluées à la suite des bombardements et incendies)
Deux problèmes importants sont la gestion des eaux de curage et la remise en suspension des polluants lors du passage des grosses péniches ou lors de crues majeures. Les pollutions industrielles ont significativement diminué soit grâce aux stations d'épuration soit à la suite de la fermeture des usines les plus polluantes mais les pollutions d'origine agricole ont augmenté.
Comme tous les grands canaux reliant entre eux des bassins versants différents et des ports, c'est un axe de pénétration d'espèces envahissantes, dont la moule zébrée, une espèce de corbicule et divers crustacés. C'était autrefois un axe de circulation pour l'anguille européenne, mais elle est depuis quelques décennies en forte régression.
Il abrite une riche diversité en poissons blancs.
Aprés 3 km nous arrivons au pont de Blaringhem. Celui-ci a dû être réparé en août 2018 car il s'était affaissé et menaçé de s'éffondrer. La circulation a été coupée pendant plusieurs mois. Heureusement pour nous, nous n'avons pas eu besoin de faire demi-tour.
Blaringhem est située en Flandre française, dans le Houtland pour la plus grande partie est de son territoire et en Artois au-delà du canal de Neufossée pour sa partie ouest, à 40 km de Dunkerque, 47 km de Lille, 50 km d'Arras, 50 km de Calais, à 30 km de la frontière belge et est limitrophe du département du Pas-de-Calais.
Profitant à mi-parcours de notre pause, j'en profite pour prendre une photo du groupe de marcheurs au pont de Blaringhem.
Une question simple: on dit : temps de pause ou temps de pose en photo ? Je ne sais jamais comment l'écrire sur le blog ! (pas vrai, ça c'est pour voir si vous suivez...)
Et puis, si vous avez suivi nos balades (petit rappel) : Je vous ai parlé des 3 frères, des 4 frères voir Clairmarais mais des 2 frères vous connaissez ?
Dominique et Jean-Marie |
A la vue de ces rives couronnées de grands arbres,
promeneurs et pêcheurs ne semblent pas se douter que ces bords charmants ont
une curieuse histoire et furent souvent les témoins de sombres drames.
http://sapeur-pompier.over-blog.org/article-les-heros-f-f-i-de-blaringhem-massacres-par-l-occupant-115198695.html
http://sapeur-pompier.over-blog.org/article-les-heros-f-f-i-de-blaringhem-massacres-par-l-occupant-115198695.html
En bordure du talus, bien à l'écart des marcheurs, quelle ne fut pas ma surprise que de découvrir de nombreux coprins chevelus en forme de cloche. Comestibles bien entendu.
Nous approchons du Pont d'Asquin. C'est drôle comme le temps passe vite quand on est en groupe.
Il ne nous reste plus qu'à traverser le pont d'Asquin pour rejoindre le parking où nous avons laissé les voitures.
Bien que la balade fût courte (6 km) nous en gardons un très bon
souvenir. Pouvoir admirer ce qui nous entoure ou encore se déverrouiller ses
articulations rien de tel pour vous donner un bon moral et vous regonfler à
bloc
Et voilà, notre balade prend fin ici mais je veux vous rassurer que ça ne sera pas la dernière... A bientôt...
La première création de ce canal ressemble à une
merveilleuse légende. En 1046, Baudouin
V, comte de Flandre, guerroyait contre Henri III, empereur d’Allemagne, qui
menaçait de ruiner la Flandre par des incursions continuelles. Il venait de s’emparait
de Lille et se disposait à ravager le pays flamingant. La Lys s’arrêta ;
mais entre la Lys et l’Aa se trouvait un passage sans ligne d’eau, sans défense
naturelle, ouvert à l’ennemi.
Baudouin conçut l’étrange projet d’improviser et d’opposer à
son véritable ennemi une barrière de 14 km,
hérissé de fortins et de redoutes. Cette
barrière n’était autre que le canal Neuffossé
avec sa digue. Une armée entière
y travailla, échelonnée en 24 chantiers et c’est ici le merveilleux de l’histoire,
elle l’exécuta en 3 jours et 3 nuits. De fait, les soldats furent
rigoureusement aidés par les flamands,
accourus en masse de toute la vallée de Cassel. Henri, se voyant empêché de
passer, fut contraint de se retirer honteusement en pestant contre les
flamands.
Ce canal s’amorçait à la Lys sous les remparts d’Aire pour
finir près d’Arques au château Rihoult qui en gardait l’extrémité. Trait d’union
entre la Lys et l’Aa, il formait avec elle une ceinture d’eau et une ligne
continue de défense, protégeant à merveille la Flandre maritime.
Limite entre deux races, éternel sujet de querelle entre la
Flandre et l’Artois, il fut souvent le théâtre de luttes sanglantes.
Ce premier canal, purement stratégique, ne fut jamais
navigable. Il y avait à cela un obstacle que ne pouvait surmonter une époque
qui en était encore au premier rudiment de l’architecture hydraulique. Cet
obstacle était dans la différence de niveau (14 m) entre les eaux de la Lys et celles
de l’Aa qu’il s’agissait de réunir.
Du reste, négligé depuis longtemps, ce premier canal était
presque complètement comblé, quand Vauban vint faire le siège de St Omer
(1677). L’importance de la ligne de Neuffossé le frappa ; il en signala le
double avantage au point de vue stratégique et commercial ; c’est à lui le
premier que vint l’idée d’un canal navigable.
Il écrit à Louvois du camp de St Omer : « j’ai vu
la plus grande partie de Neuffossé ; ce
ne sera pas difficile un jour de le rendre navigable et de faire aller par son
moyen de grosse bélandres jusqu’à Lille »
En 1686, Louvois ordonne l’exécution des plans dressé par
Vauban dans l’intérêt du commerce des Flandres. Mais la pénurie du trésor et
les guerres qui suivirent suspendirent les travaux. Il fallut presqu’un siècle
pour voir réaliser le rêve du Maréchal-Ingénieur. Le projet Vauban est repris,
un nouveau plan est dressé par l’ingénieur Filley et mis en adjudication le 17
décembre 1753.
Le canal au début du XXe siècle, avant sa mise à grand
gabarit.
Le bateau avance à l'aide d'une voile, la "semaque"
|
Le canal lui-même était facile à creuser. Entre les monts
Hiver et du Croquet à l’est et les collines de Racquinghem à l’ouest, il existe
un sillon ou défilé suivi en partie par la Languebecque. On pouvait y trouver
la trace des excavations et tranchées de l’ancien canal depuis longtemps
comblé.
La grosse difficulté était de faire descendre le canal par
les pentes extrêmement raides du plateau d’Artois vers l’ancien golfe
géologique de St Omer. Il fallut exécuter un superbe travail hydraulique qui
inspirait une profonde admiration à nos aïeux. Ce sont les 7 écluses des Fontinettes.
Disposées comme les gradins d’un escalier gigantesque, elles retiennent les
eaux, sur la pente abrupte, en 5 sas accolés dont la chute totale est de 14
mètres.
En ce temps-là, on aimait à utiliser les loisirs du soldat
pour les grands travaux publics. Le génie militaire, chargé de ces travaux, les
fit exécuter par l’armée. 20 bataillons formant les garnisons d’Aire, de St
Venant et de St Omer fournirent tous les 8 jours, 30 hommes par compagnie pour
composer 300 ateliers répartis sur à peu près 2 km d’étendue. La dépense de 4
millions de livres fut supportée par la province de Flandre et les états d’Artois.
Ce nouveau canal commencé en 1754, ne fut terminé, après
plusieurs interruptions qu’en 1774. Ce fut alors, pour la première fois
seulement, que Calais et Dunkerque purent entrer en communication avec Lille
par voie d’eau.
Mais ce qui était un magnifique progrès au 18ème
siècle était devenu tout à fait insignifiant à la fin du 19è siècle.
Les écluses n’avaient de largeur suffisante que pour le
passage d’un bateau à la fois. On fixait un jour pour la montée un autre pour
la descente.
Le développement des ports de Calais, et surtout de
Dunkerque, l’ouverture du canal de La Bassée, le progrès des houillères du Nord
provoquèrent une circulation de batellerie fluviale toujours plus active. Et
ces écluses sont la porte unique pour le passage des canaux de Calais, de l’Aa,
de Bourbourg, de la Colme et de Dunkerque, vers la Deûle, Lille, Lens, Paris et
le reste de la France.
Aussi, en files interminables, les bateaux attendaient
parfois des semaines entières. Pour remédier à cet inconvénient et accélérer la montée de cette rampe de 14
mètres on a construit et inauguré en 1887 un système d’ascenseur très curieux
et bien rare, puisqu’il en existe que 2 autres en Europe : l’un en
Angleterre et l’autre en Belgique, à la Louvière.
A voir sa disposition et son mouvement, on dirait une énorme
balance de Roberval. Grâce à cette merveilleuse machine, l’ascenseur des
Fontinettes à Arques a vu cesser l’encombrement de son bassin.